-Tiens bon !
Il s’activait sur le corps du soldat depuis vingt minutes, la chaleur oppressante n’arrangeait rien, de grosses gouttes perlaient en continu sur son front et lui glissait dans les yeux.
Ils étaient tombés là par accident, le transporteur s’était abattu après les soubresauts qui avaient annoncé sa mise à mort par la DCA alliée.
Les systèmes de survie automatique avaient pris le relais de l’équipage dépassé pour préserver la cargaison. Ils étaient la cargaison, tout au plus une cinquantaine d’hommes, désorientés dans la jungle moite, les premiers instants d’hébétement passés, les plus endurcis qui avaient survécus à plusieurs campagnes avaient commencés à réorganiser le groupe, c’était une question de survie.
Lui, il avait continué à soigner, des blessures les plus bénignes aux cas désespérés, éjectés de l’appareil au moment du choc.
La LS comptait trois médecins dans le groupe, il y avait du boulot pour tout le monde.
Puis l’Alliance les avait trouvés, ça n’avait pas été très long de repérer les carcasses des appareils et de les suivre à la trace…
Ils avaient comprit que la chasse débutait lors de leur première halte pour rejoindre les lignes sélénites.
Depuis deux jours le harcèlement était incessant, la jungle commençait aussi son travail de sape, interminable, monotone, elle semblait les avaler un peu plus chaque jour.
La vermine les rongeait la nuit et dans l’obscurité chacun cherchait à percer ces frondaisons imperméables pour apercevoir leur mère protectrice. Peine perdue, le ciel avait disparu et comme leur nombre, l’espoir fuyait ce lieu de mort.
S’acharnant encore et encore sur le soldat, il contrôlait les paramètres vitaux, le signal faible envoyé par le cœur. Il était à court d’équipement, le groupe avait fini par être séparé et l’ennemi finissait le travail avec acharnement.
Ils avaient cru être tiré d’affaire à un moment, jusqu’aux marais, là ils avaient compris qu’ils ne pourraient échapper à la meute.
Alors ils s’étaient retournés et avaient affronté les soldats alliés, les dernières cartouches s’épuisaient et les rares armes de corps à corps tombaient les unes après les autres.
ThunderStormKing rampait dans la boue d’un corps à l’autre, il courait après la mort et chaque fois elle le devançait.
Rien, il n’y avait rien à faire pour stopper ça, touché à plusieurs reprises, son armure l’avait sauvé ce ne serait plus le cas.
Puis il avait trouvé ce soldat dans les fourrés et il avait décidé coûte que coûte que celui là s’en sortirait, les dernières doses de morphine, d’antibiotique y étaient passés pendant qu’il s’évertuait à recoudre, clamper et extraire les éclats de shrapnel des plaies béantes, le blessé perdait trop de sang, il le savait mais il fallait essayer, une dernière fois.
Toute l’absurdité de son combat lui sautait aux yeux, combien de fois cet homme était-il déjà mort ?
Puis la courbe de pression artérielle décolla après le passage de sa dernière unité d’hémoglobine de synthèse, ce fût comme un pinceau de lumière qui balaya le front de l’homme. Le rythme cardiaque se stabilisait, il allait s’en sortir. Il lui injecta deux doses de fortifiant pour accélérer la cicatrisation, cachés dans les marais, ils pourraient attendre que la chasse se termine puis ramener le blesser vers un QG pour évacuer.
La première balle ricocha à ses pieds avant de se ficher douloureusement dans sa jambe, le rêve n’avait duré qu’un instant, il revint à la réalité.
L’autre était là, son uniforme blanc souillé par la crasse, un sourire méchant fiché sur son visage. Le canon de l’arme paru mettre une éternité à remonter.
ThunderStormKing su qu’il avait échoué, une fois de plus. Il plongea son scalpel dans le cœur du blessé, en lui demandant pardon. La balle l’atteignit directement à la tête.
La chaleur, un contact sur tout le corps, le réveil en cuve est toujours stressant, chacun interprète son retour de la mort de façon différente.
Les jeunes recrues en parlent mais après deux ou trois fois, le silence s’impose peu à peu, puis on fini soit par s’habituer, soit par devenir fou.
Son humanité semblait le quitter à chaque fois un peu plus, il allait vers quelque chose d’autre, une conscience de sa propre existence interminable, infinie. Allaient-ils tous devenir des dieux, immortels et surpuissants imposants leur volonté aux autres ?
Il s’habilla en silence, son Com-Link sonna. Oberon.
- Oui ?
- Thunder ? bien réveillé, ça fait plaisir de te parler, alors t’as pas réussi à t’en sortir…
- Non, et toi ça va ?
- Impec, dis moi ça chie un peu autour du QG5, si ça te dit, y a du boulot qui nous attend.
- Ok je vais voir ça, je te laisse.
- Thunder ?
- Bye.
Il coupa la communication, prit son équipement avant de mettre en route.
Il ne lui restait rien, échec et mat. Son engagement à ne pas tuer, combattre autrement. En pensant à ces mots, il avait envie de rire, il n’y avait rien pour stopper la mort. Sa rage grandissait en lui, elle le dévorait, l’entraînait vers l’irrémédiable.
Il reprit son Com-link, composa l’indicatif d’Oberon.
- Ob ?
- Oui ?
- Tu viens de prendre du galon.
- Comment ça ?
- Tu es le nouveau colonel de la compagnie les larmes de Séluné.
Il coupa de nouveau la communication laissant Oberon éberluée, composa un message qu’il envoya à la compagnie, sa démission partie pour l’Etat Major.
Il rejeta son paquetage au sol, puis entra dans un QG.
Il s’activait sur le corps du soldat depuis vingt minutes, la chaleur oppressante n’arrangeait rien, de grosses gouttes perlaient en continu sur son front et lui glissait dans les yeux.
Ils étaient tombés là par accident, le transporteur s’était abattu après les soubresauts qui avaient annoncé sa mise à mort par la DCA alliée.
Les systèmes de survie automatique avaient pris le relais de l’équipage dépassé pour préserver la cargaison. Ils étaient la cargaison, tout au plus une cinquantaine d’hommes, désorientés dans la jungle moite, les premiers instants d’hébétement passés, les plus endurcis qui avaient survécus à plusieurs campagnes avaient commencés à réorganiser le groupe, c’était une question de survie.
Lui, il avait continué à soigner, des blessures les plus bénignes aux cas désespérés, éjectés de l’appareil au moment du choc.
La LS comptait trois médecins dans le groupe, il y avait du boulot pour tout le monde.
Puis l’Alliance les avait trouvés, ça n’avait pas été très long de repérer les carcasses des appareils et de les suivre à la trace…
Ils avaient comprit que la chasse débutait lors de leur première halte pour rejoindre les lignes sélénites.
Depuis deux jours le harcèlement était incessant, la jungle commençait aussi son travail de sape, interminable, monotone, elle semblait les avaler un peu plus chaque jour.
La vermine les rongeait la nuit et dans l’obscurité chacun cherchait à percer ces frondaisons imperméables pour apercevoir leur mère protectrice. Peine perdue, le ciel avait disparu et comme leur nombre, l’espoir fuyait ce lieu de mort.
S’acharnant encore et encore sur le soldat, il contrôlait les paramètres vitaux, le signal faible envoyé par le cœur. Il était à court d’équipement, le groupe avait fini par être séparé et l’ennemi finissait le travail avec acharnement.
Ils avaient cru être tiré d’affaire à un moment, jusqu’aux marais, là ils avaient compris qu’ils ne pourraient échapper à la meute.
Alors ils s’étaient retournés et avaient affronté les soldats alliés, les dernières cartouches s’épuisaient et les rares armes de corps à corps tombaient les unes après les autres.
ThunderStormKing rampait dans la boue d’un corps à l’autre, il courait après la mort et chaque fois elle le devançait.
Rien, il n’y avait rien à faire pour stopper ça, touché à plusieurs reprises, son armure l’avait sauvé ce ne serait plus le cas.
Puis il avait trouvé ce soldat dans les fourrés et il avait décidé coûte que coûte que celui là s’en sortirait, les dernières doses de morphine, d’antibiotique y étaient passés pendant qu’il s’évertuait à recoudre, clamper et extraire les éclats de shrapnel des plaies béantes, le blessé perdait trop de sang, il le savait mais il fallait essayer, une dernière fois.
Toute l’absurdité de son combat lui sautait aux yeux, combien de fois cet homme était-il déjà mort ?
Puis la courbe de pression artérielle décolla après le passage de sa dernière unité d’hémoglobine de synthèse, ce fût comme un pinceau de lumière qui balaya le front de l’homme. Le rythme cardiaque se stabilisait, il allait s’en sortir. Il lui injecta deux doses de fortifiant pour accélérer la cicatrisation, cachés dans les marais, ils pourraient attendre que la chasse se termine puis ramener le blesser vers un QG pour évacuer.
La première balle ricocha à ses pieds avant de se ficher douloureusement dans sa jambe, le rêve n’avait duré qu’un instant, il revint à la réalité.
L’autre était là, son uniforme blanc souillé par la crasse, un sourire méchant fiché sur son visage. Le canon de l’arme paru mettre une éternité à remonter.
ThunderStormKing su qu’il avait échoué, une fois de plus. Il plongea son scalpel dans le cœur du blessé, en lui demandant pardon. La balle l’atteignit directement à la tête.
La chaleur, un contact sur tout le corps, le réveil en cuve est toujours stressant, chacun interprète son retour de la mort de façon différente.
Les jeunes recrues en parlent mais après deux ou trois fois, le silence s’impose peu à peu, puis on fini soit par s’habituer, soit par devenir fou.
Son humanité semblait le quitter à chaque fois un peu plus, il allait vers quelque chose d’autre, une conscience de sa propre existence interminable, infinie. Allaient-ils tous devenir des dieux, immortels et surpuissants imposants leur volonté aux autres ?
Il s’habilla en silence, son Com-Link sonna. Oberon.
- Oui ?
- Thunder ? bien réveillé, ça fait plaisir de te parler, alors t’as pas réussi à t’en sortir…
- Non, et toi ça va ?
- Impec, dis moi ça chie un peu autour du QG5, si ça te dit, y a du boulot qui nous attend.
- Ok je vais voir ça, je te laisse.
- Thunder ?
- Bye.
Il coupa la communication, prit son équipement avant de mettre en route.
Il ne lui restait rien, échec et mat. Son engagement à ne pas tuer, combattre autrement. En pensant à ces mots, il avait envie de rire, il n’y avait rien pour stopper la mort. Sa rage grandissait en lui, elle le dévorait, l’entraînait vers l’irrémédiable.
Il reprit son Com-link, composa l’indicatif d’Oberon.
- Ob ?
- Oui ?
- Tu viens de prendre du galon.
- Comment ça ?
- Tu es le nouveau colonel de la compagnie les larmes de Séluné.
Il coupa de nouveau la communication laissant Oberon éberluée, composa un message qu’il envoya à la compagnie, sa démission partie pour l’Etat Major.
Il rejeta son paquetage au sol, puis entra dans un QG.