Chronique
Chapitre 1
"'tain de lunettes!!!!!"
Lina ôta ses IR et constata: une large entaille brûlée sur la monture et le verre, fendu sous la chaleur. Fichues. Elle avait eu chaud et énormément de chance, si le sabre laser était passé un peu plus près, pfiiiout plus de Lina. Enfin bon, c'est vrai qu'au pire il y avait les cuves de clonages, mais bon, elle n'avait pas vraiment envie d'y passer une première fois.
Le soleil déclinait dangereusement à l'horizon dans une explosion de couleurs intenses qui se répercutaient sur les parois de la cordillère des Andes.
"Tain de soleil!!!! Tain de montagne !!! Tain de glob!!!"
Elle s'effondra sur le sol, se prit la tête dans les mains. Une larme coula, tomba au sol et fut goulûment avalée par la piste sèche qu'elle suivait depuis quelque temps. Non, ne pas craquer, se reprendre, retrouver ses compagnons dans la plaine. Aller!! Lève toi Lina, lève toi et marche tant qu'il y a encore de la lumière. Ce serait si facile de se laisser aller, de rester là sur le sol et attendre que ça finisse, toute cette guerre dans laquelle elles s'étaient retrouvées par erreur, avec Oberon. Oberon..... Une sensation sourde au fond du crâne lui confirma qu' Oberon était toujours en vie, sans savoir où, ni dans quel état, quelque part Oberon se battait, pour sauver des vies ou les achever, aucune idée, elle était encore là.
Lina se releva. Il commençait à faire dangereusement sombre. Après un moment de marche, elle trouva un coin tranquille, pas une superbe planque, mais bon, pas à découvert non plus. Ca devrait amplement passer avec un camouflage thermoptique. Elle activa sa combinaison. Celle ci clignota une ou deux fois, puis s'éteignit.
"Eh merde!!! C'est pas vrai"
Lina ôta la combi: une large déchirure dans le dos. La aussi ils avaient frappé c'est vrai. Elle tenta de reconnecter les fils principaux. La combi clignota à nouveau,"aller ma puce, fait plaisir à maman", et s'activa. Bon, en espérant qu'elle tienne encore une nuit. Lina se cala contre un rocher inconfortable et tenta de s'endormir.
L'humidité était tombée, mais la nuit était claire. La lune brillait haut dans le ciel, pas encore tout à fait pleine, mais presque.
La Lune... depuis combien de temps n'y était elle pas retournée? Elle se remémora son arrivée sur Terre, en douce, avec Oberon et Nachka. Cette dernière avait "emprunté" la navette de son père. Elles avaient voulu rendre visite à quelques amis, dans un QG tranquille, théoriquement à l'abri d'une menace. Bien sur c'était interdit, c'était un territoire en guerre, mais pouvoir enfin voir la Terre autrement qu'une boule bleue dans un coin de ciel noir, et savoir pourquoi tant de compatriotes mourraient pour elle. Trois jours, pas plus. Et le troisième jour... tout le monde, presque, était mort ou parqué dans un camp de prisonniers. Malgré leurs tentatives, ni elle ni Oberon n'avaient réussi sauver Nachka. Des blessures trop graves, pas de matériel et une formation de chirurgien incomplète... aucune chance. Cependant, le camp subit une riposte des luniens. Et malgré cela, plus aucune chance de retourner sur la Lune, la région était devenue trop dangereuse pour y risquer des navettes. Pas le choix, il a fallu s'engager.
Somnolence, une chouette hulule quelque part, et un soldat de l'empire est embusqué non loin.
Lina se réveille un peu, vérifie si la combi tient toujours le choc, ça en a l'air, et tente de se rendormir. Oberon lui manquait. Depuis combien de temps n'avaient elles pas mis leurs données respectives à jour? Plusieurs mois en tout cas. Ca lui manquait. Elle en avait pris un peu trop l'habitude sur la Lune, mais c'était tellement pratique, chacune à tour de rôle en cours ou séance de TP, du temps libre pour l'autre. Et le soir, pouf! Transfert de données, ce que l'une avait appris, elle le partageait avec l'autre. Seul inconvénient, quand on y est pas habitué, toute la gymnastique cérébrale à faire pour séparer les infos de l'incroyable masse de sensations, pensées annexes et sentiments. Mais quelle communion, aller jusqu'à partager ses pensées et ses sensations... très déstabilisant les premières fois, mais tellement grisant. Il suffisait de se faire implanter une série de biopuces-mémorielles, et un port pour se connecter, et bien sûr, avoir un câble réseau. On reliait les deux personnes. Une petite douleur vive derrière l'oreille d'abord, puis un flot impressionnant de données se déversant tel un raz de marée dans lequel on se perdait, se noyait de peurs de bonheurs d'inquiétudes d'extases de réflexions de révoltes...
La combi émit un grésillement et s'éteint. Lina dormait toujours. Le soldat se retourna, la mis en joue.
Oberon se mit soudainement à trembler... Quelque chose n'allait pas... il fallait se concentrer et extraire cette balle. Le scalpel se rapprocha dangereusement de la plaie, toujours tremblant... mince! Elle passa le relais à son confrère et sortit de la salle d'opération. Il manquait quelque chose, mais quoi.... Lina!!!! La sensation sourde était très faible, presque inexistante, puis...
Le fusil cracha une deuxième balle.
... plus rien.
Chapitre 2
Cela faisait quelques jours que Lina était sortie de la cuve. Elle était complètement désorientée, les médecins et ses anciens livres de cours lui avaient pourtant confirmé que le malaise aurait déjà dû se dissiper. Il lui manquait une bonne partie de ses souvenirs. Oberon ne lui évoquait presque plus rien, ses puces mémoires n'avait pas pu être clonées, et ce mal de crâne qui n'en finissait plus, qui lui vrillait le cerveau. L'impression incessante de se réveiller dans un cauchemar, d'être dans une réalité parallèle, de perdre pied. La question récurrente de savoir si on délire, si on plonge peu a peu dans la folie, qui revient a chaque fois où l'on ne retrouve pas le souvenir de quelqu'un qui vient vous dire bonjour avec un grand sourire et vous parle comme à une vieille connaissance.
Oberon sentait son amie partir, se décrocher peu à peu de la réalité, s'accrochant comme un naufragé à sa planche de bois aux quelques souvenirs qu'il lui restait et qui n'avait pas été stockés dans les biopuces. Il fallait opérer Lina, lui transplanter de nouvelles puces, et lui rendre sa mémoire, leur mémoire. Le plus long serait de copier les données des ses puces à elle à celle de Lina. Trois inconvénients cependant: Lina n'est pas encore remise de son clonage, elle est encore trop faible, ensuite il lui manquerait tout ses souvenir à elle de ces derniers mois, elle aurait uniquement ceux d'Oberon, tout depuis leur dernière mise a jour en fait, et pour finir, se procurer les biopuces au marché noir. Mais attendre de l'opérer, c'était la voir sombrer peu à peu dans une folie qui pourrait s'avérer irréversible.
Les puces sont arrivées, vite, copier les données, faire une sauvegarde, au cas où. Oberon retourna dans la salle d'opération, prit son inspiration et se prépara à l'opération.
Lina était allongée sur le coté droit, endormie, la moitié gauche de sa chevelure rasée. Oberon commença l'opération. Derrière le miroir sans teint, WingedBlueTiger, son ancien instructeur, observait, l'air grave. Les quelques soldats qui l'accompagnaient étaient assis sur un banc dans le couloir aseptisé, fumant et échangeant quelques plaisanteries.
Une demi heure plus tard, Oberon avait enfin réussi à ouvrir la boite crânienne, quand une sirène retentit. Le QG était attaqué. Winged donna l'ordre aux soldats d'aller sécuriser l'étage. Oberon, après un cours instant d'hésitation, reprit. Rester maîtresse de soi, concentrée surtout, faire attention, ne pas faire de faux mouvements, bien relier les connexions nerveuses aux puces, s'assurer qu'elles ne sont pas défectueuses...
Un bruit sourd, un grondement, une explosion quelque part et un pan du plafond s'effondra, enflammant une partie de la salle. La majorité des machines auxquelles Lina était reliée étaient éteintes ou détruites. Cette dernière respirait à peine. Une épaisse fumée et une odeur de plastique brûlé s'étaient répandues. Le feu se propageait. Winged surgit dans la pièce.
"Partons!!"
"Non!! On peut pas la laisser là, il faut l'emporter..."
Perdue, désorientée Oberon ne savait que faire. Sauver Lina à tout prix. Se reprendre, réfléchir calmement et vite surtout. Winged, un tissu sur la figure, cherchait un moyen pour sortir, un passage assez grand pour que l'on puisse évacuer Lina. Les flammes avaient déjà assailli la porte. Là bas!! Il avait vu un passage entre les décombres qui donner sur le couloir. Un des soldats lui faisait signe. Il s'y précipita. Seulement deux avaient réchappé à l'effondrement de l'étage supérieur. Leur expliquant brièvement la situation, ils retournèrent dans la salle d'opération, se saisirent de Lina doucement et tentèrent de l'évacuer aussi délicatement que la situation le permettait. Winged se saisit d'Oberon: "Maintenant on y va!!". Oberon attrapa au vol la sauvegarde, miraculeusement épargnée. Ca y est, ils étaient dans le couloir. Les deux soldats tentèrent de passer à travers la brèche.
Nouvelle explosion. L'étagère contenant tout un tas de produits pharmaceutiques se renversa sur les porteurs, libérant un flot de verre brisé et de liquides alcoolisés qui s'enflamma quasi instantanément. Un bûcher. Un brasier de douleur et de cris.
"NNNNNNNNNNOOOOOOOOOOOONNNNNNNNNNNNNNNNN!!!!!!". Oberon et Winged regardèrent un instant l'hideux spectacle, les yeux agrandis par l'horreur, incapables de faire quoi que ce soit pour les aider. Oberon était tétanisée. Winged la soutint pour sortir du bâtiment. Enfin!!! Enfin de l'air frais! Oberon semblait reprendre ses esprits, elle fixa son compagnon, articula difficilement: "merci..."
Winged partit à l'armurerie, il fallait maintenant repousser l'attaque. Oberon posa un regard absent autour d'elle. Chaos, flammes, cris de rage, de douleurs, mort, destruction... toujours la même chose qui se répétait inlassablement. Un cadavre de Lunien au sol, baignant dans le sang de sa tête à moitié arrachée, un katana encore à la main. Elle s'en saisit. La planta dans le corps du premier allié qui passa. Recommença, calmement, méthodiquement. Pensa à Lina qui bientôt ne serait plus.
Rage, colère.
Lina brûlait.
Oberon tranchait.
Chapitre 3.
Vide et désespoir, c'est tout ce qu'il restait. Oberon errait sans but. Tout était vide de sens, absurde, inutile. Le temps lui même ne représentait plus rien, juste une mesure abstraite. Elle ne savait plus depuis combien de temps elle hantait les murs de cette base, tentant de se détacher de cette réalité. Elle ne parlait plus à personne. Les quelques amis qui avaient tenté de la réconforter, elle les avait laissé dire, ne les avait pas écouté, à quoi bon de toute façon. C'est vrai Lina était morte comme des tas de gens, mais à leurs différences, elle ne reviendrait plus. Au bout de quelque temps, on la laissa dans son mutisme. Elle ne demandait pas mieux.
Elle était assise à une table de la Bigazette. Une fois de plus, elle se désespéra de l'absurdité de la scène qui se passait sous ses yeux, une scène banale. Elle se renfonça dans son fauteuil, descendit son borsalino sur ses yeux, posa son verre, s'isola dans un souvenir. Toujours le même, plein de flammes. Sa main entra machinalement dans sa poche. Un contact métallique, froid, la sauvegarde. Et encore la même réflexion qui s'ensuivit. Avait-elle le droit de faire cela?
Chapitre 1
"'tain de lunettes!!!!!"
Lina ôta ses IR et constata: une large entaille brûlée sur la monture et le verre, fendu sous la chaleur. Fichues. Elle avait eu chaud et énormément de chance, si le sabre laser était passé un peu plus près, pfiiiout plus de Lina. Enfin bon, c'est vrai qu'au pire il y avait les cuves de clonages, mais bon, elle n'avait pas vraiment envie d'y passer une première fois.
Le soleil déclinait dangereusement à l'horizon dans une explosion de couleurs intenses qui se répercutaient sur les parois de la cordillère des Andes.
"Tain de soleil!!!! Tain de montagne !!! Tain de glob!!!"
Elle s'effondra sur le sol, se prit la tête dans les mains. Une larme coula, tomba au sol et fut goulûment avalée par la piste sèche qu'elle suivait depuis quelque temps. Non, ne pas craquer, se reprendre, retrouver ses compagnons dans la plaine. Aller!! Lève toi Lina, lève toi et marche tant qu'il y a encore de la lumière. Ce serait si facile de se laisser aller, de rester là sur le sol et attendre que ça finisse, toute cette guerre dans laquelle elles s'étaient retrouvées par erreur, avec Oberon. Oberon..... Une sensation sourde au fond du crâne lui confirma qu' Oberon était toujours en vie, sans savoir où, ni dans quel état, quelque part Oberon se battait, pour sauver des vies ou les achever, aucune idée, elle était encore là.
Lina se releva. Il commençait à faire dangereusement sombre. Après un moment de marche, elle trouva un coin tranquille, pas une superbe planque, mais bon, pas à découvert non plus. Ca devrait amplement passer avec un camouflage thermoptique. Elle activa sa combinaison. Celle ci clignota une ou deux fois, puis s'éteignit.
"Eh merde!!! C'est pas vrai"
Lina ôta la combi: une large déchirure dans le dos. La aussi ils avaient frappé c'est vrai. Elle tenta de reconnecter les fils principaux. La combi clignota à nouveau,"aller ma puce, fait plaisir à maman", et s'activa. Bon, en espérant qu'elle tienne encore une nuit. Lina se cala contre un rocher inconfortable et tenta de s'endormir.
L'humidité était tombée, mais la nuit était claire. La lune brillait haut dans le ciel, pas encore tout à fait pleine, mais presque.
La Lune... depuis combien de temps n'y était elle pas retournée? Elle se remémora son arrivée sur Terre, en douce, avec Oberon et Nachka. Cette dernière avait "emprunté" la navette de son père. Elles avaient voulu rendre visite à quelques amis, dans un QG tranquille, théoriquement à l'abri d'une menace. Bien sur c'était interdit, c'était un territoire en guerre, mais pouvoir enfin voir la Terre autrement qu'une boule bleue dans un coin de ciel noir, et savoir pourquoi tant de compatriotes mourraient pour elle. Trois jours, pas plus. Et le troisième jour... tout le monde, presque, était mort ou parqué dans un camp de prisonniers. Malgré leurs tentatives, ni elle ni Oberon n'avaient réussi sauver Nachka. Des blessures trop graves, pas de matériel et une formation de chirurgien incomplète... aucune chance. Cependant, le camp subit une riposte des luniens. Et malgré cela, plus aucune chance de retourner sur la Lune, la région était devenue trop dangereuse pour y risquer des navettes. Pas le choix, il a fallu s'engager.
Somnolence, une chouette hulule quelque part, et un soldat de l'empire est embusqué non loin.
Lina se réveille un peu, vérifie si la combi tient toujours le choc, ça en a l'air, et tente de se rendormir. Oberon lui manquait. Depuis combien de temps n'avaient elles pas mis leurs données respectives à jour? Plusieurs mois en tout cas. Ca lui manquait. Elle en avait pris un peu trop l'habitude sur la Lune, mais c'était tellement pratique, chacune à tour de rôle en cours ou séance de TP, du temps libre pour l'autre. Et le soir, pouf! Transfert de données, ce que l'une avait appris, elle le partageait avec l'autre. Seul inconvénient, quand on y est pas habitué, toute la gymnastique cérébrale à faire pour séparer les infos de l'incroyable masse de sensations, pensées annexes et sentiments. Mais quelle communion, aller jusqu'à partager ses pensées et ses sensations... très déstabilisant les premières fois, mais tellement grisant. Il suffisait de se faire implanter une série de biopuces-mémorielles, et un port pour se connecter, et bien sûr, avoir un câble réseau. On reliait les deux personnes. Une petite douleur vive derrière l'oreille d'abord, puis un flot impressionnant de données se déversant tel un raz de marée dans lequel on se perdait, se noyait de peurs de bonheurs d'inquiétudes d'extases de réflexions de révoltes...
La combi émit un grésillement et s'éteint. Lina dormait toujours. Le soldat se retourna, la mis en joue.
Oberon se mit soudainement à trembler... Quelque chose n'allait pas... il fallait se concentrer et extraire cette balle. Le scalpel se rapprocha dangereusement de la plaie, toujours tremblant... mince! Elle passa le relais à son confrère et sortit de la salle d'opération. Il manquait quelque chose, mais quoi.... Lina!!!! La sensation sourde était très faible, presque inexistante, puis...
Le fusil cracha une deuxième balle.
... plus rien.
Chapitre 2
Cela faisait quelques jours que Lina était sortie de la cuve. Elle était complètement désorientée, les médecins et ses anciens livres de cours lui avaient pourtant confirmé que le malaise aurait déjà dû se dissiper. Il lui manquait une bonne partie de ses souvenirs. Oberon ne lui évoquait presque plus rien, ses puces mémoires n'avait pas pu être clonées, et ce mal de crâne qui n'en finissait plus, qui lui vrillait le cerveau. L'impression incessante de se réveiller dans un cauchemar, d'être dans une réalité parallèle, de perdre pied. La question récurrente de savoir si on délire, si on plonge peu a peu dans la folie, qui revient a chaque fois où l'on ne retrouve pas le souvenir de quelqu'un qui vient vous dire bonjour avec un grand sourire et vous parle comme à une vieille connaissance.
Oberon sentait son amie partir, se décrocher peu à peu de la réalité, s'accrochant comme un naufragé à sa planche de bois aux quelques souvenirs qu'il lui restait et qui n'avait pas été stockés dans les biopuces. Il fallait opérer Lina, lui transplanter de nouvelles puces, et lui rendre sa mémoire, leur mémoire. Le plus long serait de copier les données des ses puces à elle à celle de Lina. Trois inconvénients cependant: Lina n'est pas encore remise de son clonage, elle est encore trop faible, ensuite il lui manquerait tout ses souvenir à elle de ces derniers mois, elle aurait uniquement ceux d'Oberon, tout depuis leur dernière mise a jour en fait, et pour finir, se procurer les biopuces au marché noir. Mais attendre de l'opérer, c'était la voir sombrer peu à peu dans une folie qui pourrait s'avérer irréversible.
Les puces sont arrivées, vite, copier les données, faire une sauvegarde, au cas où. Oberon retourna dans la salle d'opération, prit son inspiration et se prépara à l'opération.
Lina était allongée sur le coté droit, endormie, la moitié gauche de sa chevelure rasée. Oberon commença l'opération. Derrière le miroir sans teint, WingedBlueTiger, son ancien instructeur, observait, l'air grave. Les quelques soldats qui l'accompagnaient étaient assis sur un banc dans le couloir aseptisé, fumant et échangeant quelques plaisanteries.
Une demi heure plus tard, Oberon avait enfin réussi à ouvrir la boite crânienne, quand une sirène retentit. Le QG était attaqué. Winged donna l'ordre aux soldats d'aller sécuriser l'étage. Oberon, après un cours instant d'hésitation, reprit. Rester maîtresse de soi, concentrée surtout, faire attention, ne pas faire de faux mouvements, bien relier les connexions nerveuses aux puces, s'assurer qu'elles ne sont pas défectueuses...
Un bruit sourd, un grondement, une explosion quelque part et un pan du plafond s'effondra, enflammant une partie de la salle. La majorité des machines auxquelles Lina était reliée étaient éteintes ou détruites. Cette dernière respirait à peine. Une épaisse fumée et une odeur de plastique brûlé s'étaient répandues. Le feu se propageait. Winged surgit dans la pièce.
"Partons!!"
"Non!! On peut pas la laisser là, il faut l'emporter..."
Perdue, désorientée Oberon ne savait que faire. Sauver Lina à tout prix. Se reprendre, réfléchir calmement et vite surtout. Winged, un tissu sur la figure, cherchait un moyen pour sortir, un passage assez grand pour que l'on puisse évacuer Lina. Les flammes avaient déjà assailli la porte. Là bas!! Il avait vu un passage entre les décombres qui donner sur le couloir. Un des soldats lui faisait signe. Il s'y précipita. Seulement deux avaient réchappé à l'effondrement de l'étage supérieur. Leur expliquant brièvement la situation, ils retournèrent dans la salle d'opération, se saisirent de Lina doucement et tentèrent de l'évacuer aussi délicatement que la situation le permettait. Winged se saisit d'Oberon: "Maintenant on y va!!". Oberon attrapa au vol la sauvegarde, miraculeusement épargnée. Ca y est, ils étaient dans le couloir. Les deux soldats tentèrent de passer à travers la brèche.
Nouvelle explosion. L'étagère contenant tout un tas de produits pharmaceutiques se renversa sur les porteurs, libérant un flot de verre brisé et de liquides alcoolisés qui s'enflamma quasi instantanément. Un bûcher. Un brasier de douleur et de cris.
"NNNNNNNNNNOOOOOOOOOOOONNNNNNNNNNNNNNNNN!!!!!!". Oberon et Winged regardèrent un instant l'hideux spectacle, les yeux agrandis par l'horreur, incapables de faire quoi que ce soit pour les aider. Oberon était tétanisée. Winged la soutint pour sortir du bâtiment. Enfin!!! Enfin de l'air frais! Oberon semblait reprendre ses esprits, elle fixa son compagnon, articula difficilement: "merci..."
Winged partit à l'armurerie, il fallait maintenant repousser l'attaque. Oberon posa un regard absent autour d'elle. Chaos, flammes, cris de rage, de douleurs, mort, destruction... toujours la même chose qui se répétait inlassablement. Un cadavre de Lunien au sol, baignant dans le sang de sa tête à moitié arrachée, un katana encore à la main. Elle s'en saisit. La planta dans le corps du premier allié qui passa. Recommença, calmement, méthodiquement. Pensa à Lina qui bientôt ne serait plus.
Rage, colère.
Lina brûlait.
Oberon tranchait.
Chapitre 3.
Vide et désespoir, c'est tout ce qu'il restait. Oberon errait sans but. Tout était vide de sens, absurde, inutile. Le temps lui même ne représentait plus rien, juste une mesure abstraite. Elle ne savait plus depuis combien de temps elle hantait les murs de cette base, tentant de se détacher de cette réalité. Elle ne parlait plus à personne. Les quelques amis qui avaient tenté de la réconforter, elle les avait laissé dire, ne les avait pas écouté, à quoi bon de toute façon. C'est vrai Lina était morte comme des tas de gens, mais à leurs différences, elle ne reviendrait plus. Au bout de quelque temps, on la laissa dans son mutisme. Elle ne demandait pas mieux.
Elle était assise à une table de la Bigazette. Une fois de plus, elle se désespéra de l'absurdité de la scène qui se passait sous ses yeux, une scène banale. Elle se renfonça dans son fauteuil, descendit son borsalino sur ses yeux, posa son verre, s'isola dans un souvenir. Toujours le même, plein de flammes. Sa main entra machinalement dans sa poche. Un contact métallique, froid, la sauvegarde. Et encore la même réflexion qui s'ensuivit. Avait-elle le droit de faire cela?